Le carbone, sujet de l’année
La réglementation se durcit surtout en Europe. Plus de secteurs concernés, une taxe aux frontières. Tout cela n’est pas parfait mais donne le sens de l’histoire : le carbone doit être mesuré et payé.
Comme il faut en émettre de moins en moins, il coûtera de plus en plus cher. Le plus simple étant de ne pas en produire. Une fantastique course au zéro carbone est lancée. On va assister à des annonces incroyables avec de nouveaux procédés industriels pour réduire le CO2 ou le capturer.
Comment avez-vous approché le sujet ?
Nous nous sommes intéressés au risque financier de transition représenté par la tarification du carbone.
Nous avons calculé une facture carbone en prenons la totalité des émissions de CO2 d’une entreprise sur la totalité de sa chaîne de valeur (scope 1, 2 et 3) converties en euros sur la base de prix de la tonne de CO2 calculés par les économistes du climat. Soit 113 euros.
Cette facture est ensuite soustrait au résultat d’exploitation de l’entreprise (EBITDA). La destruction d’EBITDA impacte directement la capitalisation boursière donc le cours de bourse.
Quel est cet impact ?
Nous avons calculé l’impact pour les 600 plus grandes capitalisations européennes en retenant un prix de 113 euros la tonne.
Impact sur scope 1 et 2 : baisse moyenne de 13,3% des cours
Impact sur scope 1, 2 et 3 : baisse moyenne de 53,7% des cours
Le scope 3 représente en moyenne 80% de leurs émissions de gaz à effet de serre (Source CDP). Il nous semble que sa prise en compte est indispensable.
En moyenne, l’impact est 3,5 fois plus élevé quand on tient compte du scope 3.
Des sociétés s‘en tirent elles mieux ? Moins bien ?
Voici les résultats pour l’impact sur les 3 scopes.
Les protégées : Kering, Cap Gemini, Sopra, Sanofi, Teleperformance
Les risquées : TotalEnergies, Airbus, Stellantis, Holcim, Arcelor, Porsche, EasyJet
Au final que faut il retenir de votre étude ?
Le changement climatique représente une réelle menace pour la valorisation et la stabilité financière des entreprises. L’étude d’Axylia montre que la prise en compte du coût du carbone conduit à une diminution de 53% de la valorisation boursière des entreprises européennes. Cela représente une perte de valorisation supérieure à 4 500 milliards d’euros.
Nous ne prenons en compte que l’impact financier de la transition. C’est sans compter sur les arbitrages des consommateurs ou les risques physiques (inondations, sécheresses).
Les investisseurs courent un risque de dépréciation sévère de leurs actifs financiers dans les 10 prochaines années s'ils ne l’anticipent pas dès maintenant.
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