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Photo du rédacteurVincent Auriac

72% des fonds actions ne survivraient pas à un prix du carbone

Dernière mise à jour : 27 avr. 2022

RÉSUMÉ POUR LE DÉCIDEUR


Nous avons mené une étude sur le risque carbone des 50 plus gros fonds investis en Actions Europe et zone euro, immatriculés en France (avec le préfixe ISIN .FR).

Ces fonds pèsent 65% des encours de ces catégories (AMF).


Le Score Carbone® est calculé par à partir du modèle propriétaire développé par Axylia, présenté sur une échelle de A à F. Le score matérialise la capacité́ du bénéfice d’exploitation des entreprises à payer leur facture carbone. La facture carbone représente les dommages associés aux tonnes d’émissions de CO2 sur l’ensemble du cycle de vie des produits et services de l’entreprise.


Aucun des 50 fonds ne décroche le Score Carbone maximum de A. 72% (soit 36 fonds cumulant 46 milliards d’euros) obtiennent un Score Carbone « négatif » de D, E ou F. Ce qui signifie que leurs souscripteurs courent un fort risque de perte sur leur épargne en cas de tarification du carbone. Les fonds ISR de l’échantillon n’y échappent pas non plus : 64% d’entre eux obtiennent également un Score Carbone « négatif ». On observe que la règlementation SFDR ne renseigne qu’imparfaitement sur l’impact extra-financier réel des fonds : en effet, 69% des fonds dits articles 8 et 9, censés intégrer les critères ESG, sont associés à des Scores Carbone négatifs (D, E et F).


Face au risque systémique que pose le changement climatique, Axylia lance une plateforme affichant le Score Carbone des entreprises et des fonds, aidant particuliers et professionnels à identifier les structures qui créent le moins d’externalités négatives. Une démarche collaborative permettra aux internautes de rendre exploitables les inventaires des fonds pour les importer sur le site scorecarbone.fr. A terme, avec l’aide des internautes, le site pourra couvrir les 10 000 fonds offerts sur le marché français. La plateforme crée la transparence afin de dire stop au greenwashing.


* Échantillon de 50 fonds de droit français investis en actions européennes pour un encours de 69 milliards d’euros (liste des fonds en annexe).

Sources : Quantalys, Trucost, Axylia, sites internet des sociétés de gestion




LE CONSTAT


En France, depuis 1997, un nombre croissant d’investisseurs utilise les notations ESG pour orienter leurs décisions d’investissement. Comme quelques universitaires, think tanks, régulateurs, grands patrons et l’Inspection Générale des Finances, nous faisons le constat de la complexité́ et de l’épuisement de la notation ESG, qui se révèle confuse et inadaptée pour répondre au premier des périls : l’urgence climatique. Le changement climatique impose sa loi physique et nous oblige à réduire les émissions de CO2 et pas simplement à améliorer une note ESG ! Le prix du quota de CO2 (cf. graphique) et les impacts climatiques augmentent en Europe mais la notation ESG y reste insensible. Au moment où cette méthode subit les foudres du greenwashing, le temps est venu d’en changer.




PETIT RAPPEL SCIENTIFIQUE


Le CO2 est responsable de l’accentuation du changement climatique. Il est dégagé par la combustion des énergies fossiles (charbon, pétrole, gaz). C’est un gaz à effet de serre d’une grande longévité (environ 100 ans) qui piège la chaleur du soleil dans l’atmosphère. Les émissions de CO2 peuvent être classées en trois catégories : les émissions directes de gaz à effet de serre (Scope 1), les émissions indirectes liées à l’énergie (Scope 2) et les autres émissions indirectes (Scope 3).

Or, ce troisième aspect est très souvent sous-estimé, voire non renseigné. Les émissions de CO2 liées à l’usage sont beaucoup plus importantes que celles liées à la seule production. C’est le cas pour une automobile dont la conduite (100 grammes de CO2 émis pour chacun des 13 000 kilomètres annuels parcourus durant dix à douze ans de détention) produit 80% des émissions du cycle de vie contre 20% pour sa production. Prendre en compte les émissions liées au Scope 3 est donc indispensable, pour obtenir un résultat complet et connaître la responsabilité réelle des entreprises. C’est le périmètre retenu par le Score Carbone.




LA SOLUTION DE LA FACTURE CARBONE


Les discours alarmistes des scientifiques ne semblent pas suffire à faire évoluer le monde de la finance et des entreprises. L’explication tient selon nous dans le fait que les deux parties ne parlent pas le même langage : les chercheurs parlent de degrés, de tonnes de CO2, quand les financiers, les particuliers parlent en euros. Il manque un langage commun.


Axylia est parti d’un constat : en contradiction avec le principe pollueur-payeur, les dommages associés aux émissions de CO2 ne sont pas supportés par l’entreprise alors qu’elle en est à l’origine. Nous avons travaillé à convertir en euros les émissions de CO2. Les recherches des économistes du climat, reprises par le GIEC, valorisent la tonne de CO2 à 108 euros. C’est un niveau de bascule, très supérieur au prix du quota européen (60€) et très supérieur aux autres prix mondiaux.


Chaque tonne de CO2 émise dégrade le résultat d’exploitation de l’entreprise. Les entreprises en émettent des millions de tonnes par an. Si la Nature envoyait sa facture à l’entreprise et la payait, on pourrait calculer un résultat financier « ajusté du carbone ». Instantané́ financier, ce stress test permet de savoir dans quelle mesure le bénéfice de l’entreprise dépend des émissions de CO2, ensuite normé sous forme de Score Carbone, selon son intensité :



ANALYSE DES SCORES CARBONE


  • Répartition des Scores Carbone

Nous avons étudié 50 fonds, ISR ou pas, investis en Actions européennes et de la zone euro.


Aucun des fonds n’obtient un Score de A qui est très peu impacté par une tarification du carbone. A l’inverse, 38% des fonds seraient en stress intense ou très intense (E et F). Au total, 72% affichent un Score négatif.

Globalement, la moyenne des sociétés présentes dans les fonds affichent une perte et les fonds obtiennent un score de D.


  • Fonds ISR vs fonds conventionnels

L’échantillon est constitué de 25 fonds labellisés ISR et de 25 fonds conventionnels.


36% des fonds ISR ont un Score Carbone « positif » (A, B et C) contre 20% pour les fonds conventionnels. L’analyse ESG améliore la résistance mais les deux catégories, labellisées ISR ou non, restent très majoritairement exposées à un CO2 tarifé, avec un Score moyen de D. L’approche ESG permet toutefois d’avoir accès à un plus grand nombre de fonds peu exposés au risque carbone (B).


  • Score Carbone vs réglementation SFDR

Depuis avril 2021, la réglementation européenne impose aux sociétés de gestion de classifier leurs fonds selon leur intensité ESG. Les fonds dits article 8 et 9 possèdent une qualité ESG, respectivement forte et très forte ; les fonds articles 6 ne revendiquent pas de qualité ESG.


Les fonds article 6 ne comptent que 20% de Scores Carbone positifs (A, B et C). Les articles 8 et 9 présentent chacun quasiment autant de scores positifs. Les fonds article 9 présentent la plus grosse proportion de score B. 67% des fonds dits article 9 ont un score carbone négatif !


La règlementation SFDR n’est donc pas une information suffisante pour connaître le risque carbone des fonds même si les fonds articles 8 et 9 permettent d’accéder au plus grand nombre de Scores Carbone positifs.




LISTE DES FONDS ETUDIES



Téléchargez l'étude en format PDF ci-dessous :



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