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  • Photo du rédacteurVincent Auriac

Voiture et climat : passons à la vitesse supérieure


Nouvelle Mercedes EQC - crédit : Mercedes

Mercedes vient d'annoncer qu'il allait lancer de nouveaux modèles de voitures électriques. Le EQC, son premier SUV 100 % électrique, sera lancé début 2019. Il cherche à reprendre le leadership face à l'américain Tesla.

Les constructeurs automobiles ne sont pas sur la bonne trajectoire climatique

En France, le prix moyen d'achat d'une voiture neuve est de 26 717 euros. Ce prix augmente régulièrement : +700 euros l'an dernier. En cause, le succès des SUV auprès des conducteurs français (plus de 30% des ventes désormais) avec 700 000 véhicules en 2017. Les modèles de SUV 2008, 3008 et 5008 représentent même 45 % des ventes chez Peugeot ! Dans le même temps, Renault n'a immatriculé que 15 245 Zoé en France. De quoi décrédibiliser la RSE de nos grands constructeurs automobiles...

La lutte contre le changement climatique n'est pas du tout sur la bonne trajectoire. Les 30 000 voitures véhicules électriques (0g de CO2 émis par km parcouru) vendues en 2017 pèsent peu face aux 700 000 SUV (133g de CO2/km). Pire encore, les ventes de voitures diésel (110g CO2/km) ne sont plus majoritaires (45% des ventes), au profit de l'essence (117g CO2/km) ! Une voiture d'occasion coute 15 180 euros (43% de mois qu'une neuve) et ses émissions sont de 119g/km. En France, il s'en vend plus que de voitures neuves : 3,3 millions contre 2,2 millions. Sur ce chiffre, Mercedes n'en vend que 3% (68 000). Autant dire que les ventes du nouveau SUV du constructeur allemand n'ont malheureusement aucune chance d'influencer le cours de la lutte contre le changement climatique.

La voiture propre devient un produit de luxe

On serait même tenté de dire que la voiture tout court est déjà un produit de luxe. Une étude de L’Argus a montré également que le prix des voitures neuves a explosé par rapport à l’inflation. En neuf ans, les prix du neuf ont bondi de 32,9% contre 11% pour l’inflation générale. Et l’effondrement des ventes de diesel, généralement plus chers à l’achat, n’a pas fait baisser (ni même stabiliser) le prix moyen. Les nouveautés technologiques poussent les prix à la hausse. En premier lieu, les normes environnementales requièrent de gros investissements qui pèsent sur les prix. Nos attentes ou l'imagination des constructeurs font le reste : climatisation, SUV,...

Le EQC de Mercedes sera vendu au moins 65 000 euros. Bien sûr, il existe la ZOE de Renault, leader du marché, au prix de 25 000 euros (bonus de 6 000 euros non déduit). Si un consommateur souhaite annuler ses émissions de CO2, les possibilités sont donc peu nombreuses et surtout coûteuses voire très coûteuses. On attend encore les solutions pour le grand public. Comme le rappelle Marc Fontecave, professeur au Collège de France, dans une tribune dans le « Monde », nous sommes contraints à la stratégie "des petits pas" : "la tâche est colossale et les transformations souhaitées occuperont plusieurs générations". La technologie universelle est encore à inventer. Les solutions climatiques actuelles sont encore produites en petite quantité donc chères. Classiquement, les coûts de développement pèsent moins dans le prix de vente des produits de luxe. En l'état actuel de l'innovation, la sobriété climatique est plus "accessible" aux acheteurs de produits de luxe. Mais avec un chiffre d'affaires mondial de 250 milliards d'euros, le luxe ne peut pas sauver le climat. Il ne compte que pour 0,25% du PIB mondial...

Nécessité de passer à la vitesse supérieure

En résumé, l'automobiliste chasseur de carbone est plutôt âgé (56 ans en moyenne) et doté d'un solide pouvoir d'achat mais il ne sera pas sauvé par la technologie. Face à une cause universelle -le climat-, les constructeurs n'apportent que des solutions de niche. Le compte n'y est pas. Le moteur à l'éthanol, le véhicule de moins de 500 kg (1250kg à ce jour) sont des solutions qui ne sont étonnamment pas explorées par les constructeurs français.

Il devient urgent de changer de logique et d'explorer les pistes au niveau local pour développer une vraie culture de la mobilité propre avec des mesures simples : trottinette livrée de série avec la voiture, affichage des émissions de CO2 sur le tableau de bord, le pare brise ou les GPS (car ce qui n'est pas mesuré est insignifiant), applications mobile, assurance auto verte (moins on émet de CO2, moins on paye),...

Mais l'important c'est le carbone qu'on n'émet pas ! La distance moyenne parcourue chaque jour en voiture est de 30 km. 4 trajets en voiture sur 10 font moins de 3 km ! Ces distances rendent une solution accessible à tous : le vélo. Avec 2 780 0000 unités, les ventes de vélos viennent d'ailleurs de dépasser celles de voitures. Son prix moyen est de 459 euros soit 98% mois cher qu'une voiture neuve. C'est une colossale réserve de pouvoir d'achat à un moment délicat pour le porte monnaie des Français et source d'économies pour notre système de santé. Pour que ça marche, il faut modifier le code la route et développer massivement de véritables pistes cyclables, prioritaires sur la voiture, sécurisantes pour les cyclistes, comme au Danemark. Tous en selle !


Vincent Auriac

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