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Fonds durables : quand les exclusions massives freinent la performance

  • Photo du rédacteur: Vincent Auriac
    Vincent Auriac
  • 8 déc.
  • 4 min de lecture

Imaginez un fonds d'investissement qui, pour respecter ses engagements éthiques et environnementaux, se retrouve contraint d'exclure pas moins de 70% des opportunités du marché. Résultat ? Une performance qui patine, des clients déçus et des encours qui fondent comme neige au soleil. C'est le paradoxe auquel font face les fonds ISR (Investissement Socialement Responsable) labellisés Article 9 de la réglementation européenne SFDR (Sustainable Finance Disclosure Regulation).

Dans ce billet, nous décortiquons ce phénomène, ses origines et ses conséquences. Mais surtout, nous explorons des pistes pour repenser l'ISR sans renoncer à ses idéaux. Chez Axylia, nous y travaillons activement pour que la finance responsable rime enfin avec rentabilité durable.


De l'exclusion sectorielle à la notation "ultra-transformée" : un régime draconien


Au départ, la gestion éthique était simple et pragmatique. Dans les années 70 et 80, elle se limitait à des exclusions sectorielles claires : tabac, alcool, armes... À l'époque, cela représentait à peine 4 % de la capitalisation boursière. Les performances suivaient le marché, et les investisseurs éthiques pouvaient dormir sur leurs deux oreilles.


Puis, tout a changé. À la fin des années 80, les notations ESG (Environnement, Social, Gouvernance) ont émergé comme un outil de mesure standardisé. En 2016, le label ISR français a vu le jour, imposant des critères plus stricts. Enfin, en 2021, la réglementation européenne SFDR a ajouté une couche supplémentaire, classant les fonds en Articles 6, 8 et 9 selon leur niveau d'ambition en matière de durabilité. L'Article 9, le plus exigeant, vise une contribution active à des objectifs environnementaux ou sociaux.


Le résultat ? Un empilement d'exigences qui transforme le fonds durable en un produit "ultra-transformé". Chaque couche exclut un peu plus, jusqu'à ce que l'univers d'investissement s'étiole.


Un cocktail à 70% de restrictions


Quelles sont les exclusions qui plombent les fonds Article 9 ? Voici un bilan chiffré, basé sur les pratiques moyennes des gérants ISR en Europe :

  • Mauvaises notes ESG : le label ISR v2 exigeait d'exclure 20 % des entreprises les plus mal notées. Depuis janvier 2025, la version 3 porte ce seuil à 30 %.

  • Énergies fossiles : depuis le début de l'année, le label ISR bannit explicitement ces secteurs, qui représentent en moyenne 6% de la capitalisation européenne. Charbon, pétrole, gaz...

  • Banques et institutions financières : beaucoup de gérants Article 9 les écartent, jugeant leurs bilans trop opaques ou exposés à des risques climatiques. Comptez 24% de la capitalisation en moins.

  • Secteurs controversés : tabac, alcool et défense s'ajoutent au lot, avec environ 4% à 6% d'exclusions supplémentaires.


Bilan arithmétique : 30% + 6% + 24% + 4% + 6% = 70% des valeurs exclues.


Partant d'un indice de référence comme le MSCI Europe (environ 400 valeurs), il ne reste plus que 120 titres éligibles après les exclusions ESG et sectorielles. Et après l'analyse financière finale ? Seulement 35 à 40 valeurs soit même 90% d'exclusions. On attend le menu gastronomique mais c'est l'anémie qui est servie.


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La performance en chute libre


Et concrètement, à quoi ressemble ce régime forcé ? Aux performances qui s'essoufflent. Sur les cinq dernières années, un fonds ISR Article 9 typique n'affiche qu'un +13% de gains contre +68% pour l'indice MSCI Europe. Un écart énorme ! Les coupables ? Un marché implacable qui se joue des exclusions :

  • Banques : +316% de hausse, boostées par les taux d'intérêt et la reprise post-Covid,

  • Défense : +216%, dopée par le conflit en Ukraine,

  • Énergies fossiles : +103%, malgré les appels à la transition.


Si le marché "vote avec son portefeuille" pour ces valeurs-là, les fonds ISR se retrouvent à la traîne. Résultat : certains ont vu leurs encours chuter de 70% en raison de rachats massifs. Quel conseiller en gestion de patrimoine (CGP) ou gestionnaire privé peut supporter un tel différentiel auprès de ses clients ? La frustration est palpable, et les sorties d'argent, compréhensibles.


Ne jetons pas l'ISR aux orties : les clients exigent mieux


Face à ces chiffres implacables, la tentation est grande de tout plaquer. Mais non ! Abandonner l'ISR reviendrait à capituler face au dépassement des limites planétaires et au changement climatique. Or, les sondages sont unanimes : les préoccupations environnementales et sociales sont prioritaires pour les citoyens et les investisseurs. 80% d'entre eux intègrent déjà des critères ESG dans leurs décisions, selon les études récentes de l'AMF et de l'ACPR.


Le vrai enjeu ? Pratiquer l'ISR autrement. Il faut dépasser les exclusions rigides pour adopter des approches plus dynamiques :

  • Engagement actionnarial : dialoguer avec les entreprises pour les pousser à s'améliorer, plutôt que de les bannir.

  • Thématiques positives : investir dans les solutions (énergies renouvelables, tech verte) pour pousser la transition.

  • Analyse fine des risques : se focaliser sur les externalités pour une sélectivité comprise.


Chez Axylia, nous sommes convaincus que la finance responsable doit être rentable pour être scalable. C'est pourquoi nous développons des stratégies innovantes, alliant impact mesurable et performance robuste. Notre certification B Corp en témoigne : nous mesurons, nous agissons, nous progressons.


Vers un ISR 2.0 : l'heure de l'innovation a sonné


L'ISR n'est pas une mode passagère ; c'est une nécessité impérieuse. Mais pour survivre, il doit évoluer. Les régulateurs, les gérants et les investisseurs doivent collaborer pour affiner les outils – notations ESG plus pertinentes, labels plus flexibles, et une réglementation SFDR qui récompense l'innovation plutôt que la punition.

En attendant, restons vigilants. Si vous êtes CGP ou investisseur, posez-vous la question : votre portefeuille ISR est-il un bouclier ou une épée à double tranchant ? Chez Axylia, nous sommes là pour vous accompagner vers des choix éclairés.

Les exclusions massives sont-elles un mal nécessaire, ou faut-il repenser le modèle de fond en comble ? Partagez vos réflexions en commentaire. Et pour en discuter plus avant, contactez-nous !


 
 
 

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