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Photo du rédacteurVincent Auriac

Edito - Gestion de Fortune - juillet 2024

Les fonds durables n’auraient plus la cote avec les doutes qui montent sur leur performance, les accusations de greenwashing et les atermoiements réglementaires. Reprenons et regardons.

 

La vérité, c’est qu’on ne sait rien de leur performance ! Il n’existe aucun indice qui calcule, pour « faire simple », la performance des fonds labellisés ISR.

Et encore, il faudrait distinguer les fonds des grands réseaux bancaires et les ETF ESG qui s’écartent peu des grands indices (tracking error de 3%). Leur performance est en ligne. Il y a ensuite les fonds de boutiques avec plus de personnalité et des tracking errors qui culminent à 8/10% dont certains investissent en valeurs moyennes, notoirement à la traîne depuis plusieurs mois. Il faudrait donc disposer de statistiques sur les rachats par nature de gestion. La performance n’est pas forcément mauvaise, elle a simplement des biais que les sociétés de gestion doivent expliquer.

 

Le pur greenwashing est peu répandu. Chez Axylia, nous le définissons comme un fonds ISR qui affiche des caractéristiques extra-financières moins disantes qu’un fonds traditionnel. En novembre 2020, nous avions identifié 13% de fonds dans ce cas.

Ces accusations résultent aussi d’une prise en étau. Première mâchoire de l’étau, une communication complaisante des sociétés de gestion qui ont voulu profiter de la vague verte comme tous les autres secteurs de l’économie. Mais en commettant le péché du « tout change, rien ne change », sans penser au client, en utilisant la notation ESG, peu discriminante.  Elle a permis de construire des fonds investis dans tous les secteurs de la cote (best in class), y compris les pétrolières ou le tabac. Deuxième mâchoire, la notation ESG qui ne parvient pas à objectiver les choix. Le nouveau cahier des charges du Label ISR n’a pas tranché en excluant clairement sur la base d’une trajectoire de décarbonation.

Ainsi, en France, avec le nouveau Label ISR, 3,5 milliards d’euros d’actions TotalEnergies vont devoir être vendues. Selon Morningstar, sur 1.200 fonds labellisés ISR, 45% sont exposés aux énergies fossiles, jusqu'à 13,8%. Pourquoi ne pas les transférer dans un fonds national d’engagement ? C’est une participation que les fonds ISR pourraient inscrire à leur actif. A défaut, elles seront achetées par des actionnaires américains, moins soucieux de climat. On ne peut pas critiquer les sociétés de gestion de ne pas faire d’engagement et laisser partir jusqu’à 2% de la capitalisation boursière du pétrolier français.

 

Ce qui nous amène à la réglementation. Entre ses multiples atermoiements, la surtransposition du Label ISR, tout le monde y perd son latin. Après les acronymes, on a droit aux articles 6, 8 et 9. Ne les jouez pas au loto, ils sont perdants… Sur X finance, le rejet est violent et général, d’autant que les ETF ESG ont des frais de gestion plus élevés. On aboutit à une inflation de documents que personne ne lit intégralement et qui n’apportent aucune démonstration de la plus-value ESG. Les fonds se disent ESG mais les clients n’ont aucun outil pour faire leur propre sélection. Le site du Label ISR est indigent et ne propose aucun parcours client, aucun outil de sélection sur la base des caractéristiques ESG.

Selon Morningstar, la dernière réglementation de l’ESMA changerait les dénominations de 60% des 2500 fonds en actions « durables ». Une étude d’Axylia en novembre 2021 avait trouvé 72% de fonds en risque. Les agences de notation de fonds n’ont pas tiré la sonnette d’alarme. Quand aurons nous les statistiques de marché/collecte des fonds et ETF, ventilés par degré de température ou Score Carbone ?

 

Bref, au final, si la notation ESG existe depuis 27 ans en France, elle ne permet toujours pas de sereinement qualifier d’éthique les produits proposés. Il faut se soucier sincèrement du sort des Français, des citoyens comme des épargnants. Le temps est venu de compter ce qui compte vraiment. C’est déjà par le truchement du climat que passe la solution.

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