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  • Photo du rédacteurVincent Auriac

Dette : l'overdose du quantitatif



Combien coûte la dette à la France ? En disant cela, je devrais dire combien coûte la dette aux Français car cette dette nous "appartient" tellement que nous devrons la rembourser !


Stock de dette


Il faut se rendre sur le site de l'Agence France Trésor pour trouver toutes les informations. On y apprend que le stock de dette est de 1760 milliards d'euros (Md€). La durée de vie moyenne est proche de 8 ans (7 ans et 344 jours). Cela signifie qu'il faudrait rembourser ces 1760 milliards d'euros en théorie en 2026 (2018+8). En fait, cette dette a été contractée année après année ce qui signifie que (pour simplifier) chaque année un huitième des 1760 Md€ sont à rembourser.


Intérêts de la dette


Les intérêts à payer sur le capital emprunté sont aussi appelés charge de la dette. Dans le projet de loi de finances pour 2018, elle s’élève à 41,2 Md€, soit 9,3% du budget général de l’État. Le paiement des intérêts de la dette représente ainsi aujourd’hui le quatrième poste de dépenses de l’État. Le coût implicite est donc de 2,3% (41,2/1760). Comme par hasard, ce chiffre est plus difficile à trouver sur les sites publics. On trouve plus facilement le taux de la nouvelle dette émise en 2018 qui s'établit à 0,54 %. Cette dette nouvelle se montera à 195 Md€ en 2019. Ce taux était de 0,65 % en 2017, un plus bas historique de 0,37 % en 2016 et une moyenne de 2,17 % sur la période 2009-2014. La charge moyenne de la dette est plus élevée que la charge de la nouvelle dette car la dette a été contractée il y a plusieurs années à un taux supérieur à celui actuellement en vigueur.


L'Etat ne compte pas comme les ménages


Il est à noter une différence fondamentale de la comptabilité publique avec le budget d'un ménage. Un ménage qui emprunte pour acheter une maison remboursera chaque année des intérêts et une partie du capital emprunté. L'Etat ne rembourse chaque année que les intérêts mais pas de capital, ni une partie ni la totalité, nada. Dans les faits, depuis 30 ans en France, l'Etat, dispendieux, émet plus de dette qu'il n'en rembourse et endette la France toujours plus. Si la France devait rembourser comme un ménage, la facture annuelle se monterait à 275 Md€ (capital et intérêts) au lieu de 41,2 Md€. Dans ce cas, au bout de 8 ans, la dette serait éteinte et non reportée d'année en année.


Générations futures, vraiment ?


On entend souvent dire que la dette fait peser un fardeau sur les générations futures. La dette ayant une durée moyenne de 8 ans et non pas de 25 ans (une génération), ce sont bien les générations présentes qui la payent déjà et la paieront à travers les intérêts. Il est toutefois exact que les générations présentes ou futures devront finir par la rembourser un jour...


Sortir du dogme quantitatif


Dans ce registre de temporalité, deux économistes relayés par des personnalités proposent un grand programme d’investissement public en faveur de la transition écologique et bas carbone, dont le montant serait isolé du déficit budgétaire. Outre le fait que cette dette devra être remboursée comme les autres, la question de la qualité de ces investissements n'est pas abordée. Or, ils sont actuellement peu efficaces. La dernière étude TREMI de l'ADEME montre que 75% des travaux de rénovation énergétique (20 Md€ par an) n'ont pas permis aux maisons individuelles de changer de classe de performance énergétique ! Je n'entends pas ces économistes proposer des solutions pour bien dépenser et bien s'endetter en matière de transition écologique. Compte tenu des sommes en jeu, c'est gênant. On ne peut plus dépenser 20 Md€ par an sans se donner des objectifs qualitatifs de la dépense.


En résumé


La baisse des taux a dégagé des marges de manoeuvre dont la France ne s'est pas servi pour diminuer son endettement ou son train de vie. Certains économistes proposent de financer par la dette, sortie des ratios budgétaires classiques, les investissements de rénovation des bâtiments qui ne sont pas pris en charge par le secteur privé et dont l'exécution par ce dernier n'est pas efficace. Au delà des montants, leur efficacité butent sur les objectifs, l'information, l'accompagnement et le conseil aux propriétaires. Vaste programme. Il y a urgence à passer à une vision qualitative du budget et de la dette.


Vincent Auriac

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